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Le Plus de GLT+ : LE BIM avec Mahdi Remaoun

Date de publication

2 novembre 2020

Le Plus de GLT+

Chaque mois, des experts de GLT+ nous invitent à découvrir leur domaine d’expertise.

Entrevue avec Mahdi Remaoun, M. Arch., M. Ing. Expert-conseil et gestionnaire principal de l’un des plus grands projets BIM au Canada. Il nous explique l’approche BIM.

Son projet : Nouveau complexe hospitalier sur le site de l’Enfant-Jésus (NCH)
Valeur : 1,97 milliard de dollars
Échelonné jusqu’en 2025

Mahdi, parlez-moi du projet sur lequel vous travaillez présentement à Québec ?

Mahdi Remaoun, M.Arch., M.Ing. Vice-président Building Information Modeling

Depuis 2017, j’agis en tant que gestionnaire BIM principal dans le projet du Nouveau complexe hospitalier sur le site de l’Enfant-Jésus à Québec. Avec mon équipe d’Experts BIM nous accompagnons la Société Québécoise des Infrastructure (SQI) dans la planification et la coordination des méthodes de travail et des technologies requises pour que le BIM supporte l’atteinte des principes directeurs du projet durant tout le cycle de vie du projet.

Pour atteindre les objectifs BIM de notre client, nous déployons un BIM de niveau 3. Très peu de projets au Québec développent des pratiques BIM aussi avancées.
Pour favoriser le partage et la collaboration entre tous les acteurs du projet, toutes les ressources étaient regroupées à l’intérieur du bureau de projet situé près du site de l’hôpital de l’Enfant Jésus. Avant la pandémie du Covid, nous étions près de 240 professionnels à travailler en permanence au bureau de projet mis en place. À cela s’ajoutaient plus de 150 professionnels à l’extérieur du bureau projet.

Travailler au sein d’un bureau de projet, nous pousse à réinventer nos méthodes de travail quotidiennement. À titre d’exemple, depuis un an, nous avons mis en place des ateliers d’analyse BIM de constructibilité. Je suis très fier de ça. Nous emmenons la coordination interdisciplinaire à un tout autre niveau. Le gérant constructeur est impliqué plus tôt dans la conception. Cette approche lui permet d’agir avant la construction, plutôt que de réagir une fois sur le chantier.
Les maquettes numériques 3D et l’information qu’elles contiennent permettent de réaliser des analyses approfondies. En plus de visualiser les étapes de construction. Le gérant constructeur peut donner sa vision et apporter son intelligence de construction au service des concepteurs. Il peut ainsi intervenir en fin de conception, ce qui permet d’économiser énormément de temps, réduire les erreurs de chantier et finalement, d’économiser de l’argent lié à la modification et l’interprétation durant la phase de construction.

Avec le télétravail, nous avons adapté certaines de nos pratiques, mais nous continuons à travailler selon le même niveau de performance BIM. Par exemple nous maintenons le travail en liens vivants avec les maquettes numériques.
Nous travaillons en mode PCI (Processus de conception intégrée) ce qui nous permet un meilleur contexte pour déployer le BIM. En effet le PCI favorise la synergie entre tous les membres d’une équipe afin que toutes les solutions, développées répondent de façon optimale aux besoins exprimés.

Notre donneur d’ouvrage, la SQI croit beaucoup au potentiel du BIM et lorsque l’on bénéficie de l’appui de la haute direction, cela optimise grandement la performance et permet l’atteinte des objectifs fixés et de surcroît en définir de nouveaux. En 10 ans, les objectifs évoluent.

Qu’est-ce que le BIM ?
La plus grande particularité de l’industrie de la construction réside dans le caractère « unique » des projets. Contrairement à l’industrie manufacturière, nous ne produisons pas de prototype, nous n’avons pas de recette, nous devons nous adapter et innover à chaque nouveau projet. Il est donc rapidement devenu essentiel de développer une technologie permettant une construction virtuelle avant la construction physique.

Le BIM est un processus de travail supporté par des outils numériques. L’un ne va pas sans l’autre. Si je veux vulgariser. Le BIM c’est la « construction » virtuelle d’un projet au sein d’une équipe de projet multidisciplinaire.

Cette « construction » que l’on appelle maquette BIM 3D est « intelligente ». Par exemple, si j’y installe une porte. Je la fais glisser dans la maquette en tant qu’objet et celle-ci va interagir avec son environnement et les autres objets constituant la maquette numérique. Elle s’insère dans un mur et le divise. Elle dit « je m’ouvre sur cette pièce et me ferme sur une autre » et elle crée des liens. Elle va être identifiée par sa localisation, son type, ses contraintes …

Dans un processus BIM, l’information joue un rôle central. Elle doit être accessible en tout temps, fiable et à jour. En tant qu’Expert BIM, mon rôle consiste à modéliser les processus de travail qui vont permettre à l’ensemble de l’équipe de projet d’atteindre les objectifs BIM définis par le client, cela se traduit par la gestion de la production des documents techniques et la gestion du cycle de vie de la donnée, de sa création à l’étape de planification, jusqu’à son transfert et son exploitation à l’étape d’opération.

Les avantages de la maquette 3D BIM, et de soumettre la construction virtuelle à un ensemble d’analyse pour s’assurer que lors de la réalisation du projet sur le chantier, sont que tous les enjeux de qualité, de coût, d’échéancier, de faisabilité technique, d’enjeux environnementaux et d’exploitation ont été soigneusement évalués et validés afin d’éviter tous changement ou corrections majeures.

Nous pouvons simuler un échéancier de réalisation pour visualiser les étapes concrètement sur le chantier, faire de la mobilisation et de la démobilisation plus détaillée.

On peut aussi procéder à des analyses énergétiques afin d’offrir des solutions beaucoup plus performantes par la géométrie ou les systèmes déployés.

En bref, voici la répartition selon les différentes modélisations.

  • La 3D pour la coordination
  • La 4D pour le temps
  • La 5D pour le coût
  • La 6D pour l’analyse énergétique et écologique
  • La 7D pour les opérations du bâtiment

Quels sont les avantages de travailler en BIM ?
Parmi les nombreux avantages, on retrouve les suivants :

  • Financiers
  • Productivité
  • Efficacité énergétique
  • Réduction des temps de réalisation
  • Documents de meilleure qualité
  • Meilleure organisation sécuritaire des chantiers
  • Récupération des données pour l’opération future du bâtiment
  • Projets de meilleure qualité

Est-ce que vous croyez que le BIM est une pratique exclusive aux projets d’envergure ?
Le BIM est plus qu’une technologie, c’est une méthodologie de travail. La technologie n’est qu’un aspect, mais la collaboration, la philosophie de travail qui en découle, ça, c’est l’essence du BIM. On ne voit plus le BIM comme associé à un type de projet, mais le BIM comme un allié efficace pour l’atteinte des objectifs spécifiques d’un projet.

Le BIM peut être utilisé dans tous les projets indépendamment de leur envergure. C’est la nouvelle façon de concevoir et de construire les bâtiments. Nous ne sommes plus en exploration de ces processus et de cette technologie, c’est devenu une pratique courante dans notre domaine. De nombreux architectes et ingénieurs ont adopté cette pratique.

Mahdi Remaoun, M. ARCH, M. Ing. Vice-président BIM, GLT+
Mahdi Remaoun a obtenu son diplôme d’architecte de l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger. Il est titulaire d’une maîtrise en génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ÉTS). Il œuvre dans le domaine de l’architecture, de l’estimation et de la gestion de projet depuis 2003.
Il travaille depuis 2011 en tant que professionnel du BIM. Il est vice-président du département BIM pour GLT+ et agit sur plusieurs projets d’envergure au Québec. Il enseigne à l’ÉTS, au Cégep Limoilou et agit en tant que formateur chez Contech. Il contribue ainsi à former la relève de demain.

Nouveau complexe hospitalier (NCH)
(Texte issu du site du site Internet du complexe hospitalier NCH)
Situé sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, le projet du nouveau complexe hospitalier (NCH) regroupera l’ensemble des activités cliniques, de recherche et d’enseignement de L’Hôtel-Dieu de Québec combiné à celles de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.
Complexe hospitalier ultramoderne de classe mondiale, le NCH permettra de répondre aux besoins actuels et futurs en santé. D’une superficie de plus de 260 000 mètres carrés, le nouvel hôpital comptera 700 lits, dont plus de 500 seront disponibles en chambres individuelles. De plus, le projet permettra de développer la médecine ambulatoire par une offre de service améliorée en médecine de jour, diminuant ainsi la durée moyenne des séjours dans les unités de soins.
Investissements totaux du projet
Le coût total estimé s’élève à 1,97 milliard de dollars

Pour plus d’informations sur le nouveau centre hospitalier NCH de Québec:
Site du CHU de Québec